En plein dans le Milk

Sean Penn est LA conscience politique du cinéma outre-atlantique. Une espèce d’alibi de Gauche américain. Cette image de porte-étendard a un côté énervant. Dans le dernier film de Gus Van Sant, il brandit le drapeau arc en ciel de la cause gay.

Fort heureusement, Sean Penn est un acteur brillant et il est épatant dans le rôle d’Harvey Milk, cet homosexuel militant qui devint conseiller municipal à la Mairie de San Francisco à la fin des années 70. Même si les scènes de foule manquent un peu de souffle et que la fin ultra américaine dans cette inévitable tendance au mélodrame et à la larme facile, Gus Van Sant signe ici un film soigné. Jouant entre images d’archives et fiction, il évite pourtant l’écueil du faux documentaire militant. L’homosexualité n’est plus que le prétexte, d’une histoire d’amour, une vraie, pas cul cul la praline, condamnée sur l’autel de la cause des minorités dans une Amérique bigote et conservatrice.

           Pourtant, comment se satisfaire de ce film ? A qui s’adresse le « aimez-vous les uns les autres » de Gus Van Sant ? A un public qui a déjà signé des deux mains pour toutes les causes perdues ?

             Comment reprocher à Gus Van Sant l’exigence de ses films et de ne pas lorgner sur le tiroir caisse ?  Sean Penn est irritant dans son mérite à défendre la veuve, l’orphelin et le reste car il est désespéramment isolé. Le mérite de Van Sant et de Penn est peut être qu’à travers leur film, ils parlent à l’oreille des chevaux galopants du box office et qu’ils les invitent à enfin mettre en scène des héros moins « normatifs ». A la manière de Dennis Haysbert dans la série 24 heures chrono qui était président avant d’être Noir. A quand un James Bond gay ou un Chti pédé comme un foc ? Et qui sait quand TF1 passera en prime time l’histoire d’un gay au volant de son taxi à Marseille, le mot « enculé » cessera peut être d’être le vocable le plus entendu autour des stades !

T. G.