Beaute diving

Publié le par Au Terminus des Pretentieux

Un trio bien de chez nous qui a choisi la langue britannique pour faire briller sa pop bariolée. Voilà qui n’aurait pas plu à Pascal Sevran. Mais Pascal n’est plus là et on plongera tête la première dans l’univers chatoyant de Diving With Andy. Nous, on dit oui à Andy.

 


Le roi de la pop, paraît-il, a avalé son extrait de naissance dernièrement. Ses chirurgiens esthétiques vont pouvoir souffler un peu. On leur conseillera pour retrouver une sérénité mise à mal par trente années de remodelage tous azimuts d’aller jeter une oreille, et même les deux, sur le bien nommé « Sugar sugar » du trio de Diving With Andy qui comme son nom ne l’indique pas forcément est originaire de Paris, avec passage à Londres pour la chanteuse Juliette Paquereau, ce qui peut expliquer bien des choses.


De magnifiques pommes d’amour trônent sur cette pochette flashy, et l’album tout entier est placé sous le signe de la friandise, pour peu qu’on goûte comme c’est notre cas aux douceurs exquises d’une pop à l’anglaise décomplexée et savoureuse sans jamais risquer l’écoeurement. Ni l’insignifiance, car derrière ces perles alignées avec une apparente facilité qui frise l’insolence, se cachent des structures mélodiques alambiquées servies par des musiciens d’une précision qu’il faut bien qualifier d’orfèvre.


Il n’y a qu’à écouter comment, dans « You don’t have to cry », deuxième titre de l’album derrière l’ouverture lumineuse du morceau titre « Sugar sugar », le trio se joue des tonalités majeure/mineure avec une dextérité qui nous rappellera rien moins que le fameux « We can work it out » d’un célèbre quatuor de Liverpool, pour comprendre qu’on tient là, et on l’espère pour quelques temps, de sacrées pointures. Les guitares sont tissées avec une rigoureuse délicatesse, la basse millimétrée a d’autres chats à fouetter que de vous décoller la plèvre à l’insu de votre plein gré, et la voix veloutée de Juliette Paquereau vous fait regretter d’avoir séché vos cours d’anglais pour écouter le dernier Yves Simon ( si !si ! j’en connais), lui qui parlait d’aller cueillir des pâquerettes au pays des merveilles de Juliette. Ou je me trompe, ou ce type était, en tout cas à l’époque, un visionnaire…

Réconciliant légèreté et sophistication, un « Sugar sugar » à consommer comme il se doit autour d’une tasse de thé en regardant les feuilles succomber aux premiers frimas de l’automne. Les Diving With Andy ne rempliront probablement jamais les stades ( de France, de Genève ou d’une Navarre que même Mylène Farmer aurait du mal à resituer…) , stades qui de toute façon n’ont jamais constitué le lieu idéal lorsqu’on a comme eux une musique fine, complexe malgré sa fluidité et délicate à offrir. Une musique à écouter donc, pas à couvrir de vociférations puériles.

Décidément, au milieu d’une production française d’une uniformité confondante, la pop so british vit de beaux jours dans ce pays, et l’Angleterre n’apparaît plus en ce domaine comme l’Eldorado que beaucoup y virent il y a quelques décennies. Allez chercher chez Diving With Andy cette atmosphère raffinée et un brin désuète après laquelle courent actuellement bien des bûcherons d’Outre-Manche.

Ch.M

Publié dans MUSIQUE

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N
bah ça plaira bien aux Bobos...
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